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Klara Festival // If love could be

12 mars 2015 > 21 mars 2015

Divers: http://www.klarafestival.be/fr/content/programme

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La tentation de l’amour à mort

À rebours de cet amour sans risque, les plus illustres couples de notre héritage culturel continuent de nourrir notre imaginaire : Tristan et IseultRoméo et Juliette. Leur amour tragique, dangereux et hors-la-loi nous confronte à la face sombre de l’amour. La mort surgit qui fauche les amoureux l’un après l’autre, leurs lèvres murmurant dans un dernier souffle leur voeu d’être ensevelis l’un à côté de l’autre. La thématique de l’amour à mort nous place face à la quête de la vie, avec nos angoisses et nos désirs ultimes. Dans L’Amour et l’Occident (1940), le philosophe français Denis de Rougemont décrivait le récit de Tristan et Iseult comme un mythe transmis par les troubadours du Moyen-Âge et en situait l’origine dans un courant mystique et religieux qui, à l’instar d’un leitmotiv, aurait traversé la civilisation occidentale jusqu’à nos jours. De Rougemont considérait d’ailleurs le Romeo and Juliet de Shakespeare comme l’une des incarnations les plus convaincantes du mythe de Tristan et Iseult.

De Rougemont s’interroge sur les nombreuses incongruités du récit. Pourquoi Tristan et Iseultne saisissent- ils pas leur chance ? Pourquoi ne consomment-ils pas leur amour ? Pourquoi font-ils voeu de chasteté dans la forêt du Morois ? Et l’auteur de répondre : « Tristan et Iseult ne s’aiment pas ; ils aiment l’amour. Tout ce qui s’oppose à l’amour le garantit et le consacre dans leur coeur, pour l’exalter à l’infini dans l’instant de l’obstacle absolu, qui est la mort. L’obstruction est l’objet réel de leur passion, la mort le but ultime de la narration. » L’amour nous apprend qu’à côté de la réalité rationnelle, il est une autre réalité : celle du coeur, qui s’exprime dans une langue où il n’est question que de désir, de concupiscence, d’angoisse et de passion.

Mais le coeur peut également parler une autre langue, celle de la compassion. La langue de la relation, de la compréhension, de la commisération, de la mansuétude ou du pardon. C’est dans cette langue, celle de l’amour vécu comme compassion, que se révèle l’absolu, qui est aussi fort que la mort ellemême: la conscience de l’harmonie, de la relation avec tout ce qui vit. L’amour comme pouvoir ultime qui donne sens à la vie. Celui qui a peur de l’amour, a peur de la vie. Et a peur de tomber : to fall in love, tomber amoureux.

L’amour vécu comme passion ou comme compassion est le fil rouge qui traverse le programme du festiva — avec Tristan et Iseult, et Roméo et Juliette en première ligne. Les deux couples sont le sujet de plusieurs oeuvres composées au cours de différentes périodes et traditions musicales : de Hector Berlioz à Frank Martin, Olivier Messiaen et Leonard Bernstein, en passant par Sergueï Prokofiev.

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