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15 décembre 2014 > 22 décembre 2014
Divers
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Mr Turner
Joseph Mallord William Turner, surnommé le "peintre de la lumière", est sans doute le plus grand peintre anglais, toutes époques confondues. Ce fut une personnalité paradoxale. Sur ses toiles, une sensibilité exacerbée, à fleur de peau, capable de restituer la brume sur la Tamise et les reflets mouvants sur la mer d’un coucher de soleil…. Dans la vie, un individu fruste, peu amène, excentrique et taciturne, dont les excès provoquent souvent l’incompréhension de ses pairs.
C’est ce paradoxe qu’a voulu explorer Mike Leigh. Le cinéaste anglais, lauréat de la Palme d’Or pour "Secrets and lies", s’est attaché à la dernière partie de la vie de Turner, quand le peintre perd son père (avec qui il vivait), quand son style flirte avec l’abstraction et annonce les Impressionnistes.
Plus qu’un "biopic" académique et conventionnel, Leigh signe – sans mauvais jeu de mots – une succession de tableaux très inspirés pour dépeindre les différentes facettes du personnage : Turner dans son atelier en famille, Turner participant à l’exposition annuelle de la Royal Academy of Arts, Turner en province avec son chevalet, à la recherche de la lumière idéale. Si cette structure en patchwork réserve au spectateur plusieurs scènes d’anthologie, elle entraîne le film dans quelques longueurs, pour aboutir à une durée finale un tantinet indigeste de deux heures trente. Mais Timothy Spall, vieux complice de Mike Leigh, est formidable en Turner bougonnant, éructant, mais peignant comme un dieu… Il n’a pas volé son prix d’interprétation masculine au dernier festival de Cannes.
Source: www.rtbf.be - Hugues Dayez